LES OEUFS DE PÂQUES
Un temps est pour aller chercher les œufs de Pâques, c’est celui de l’enfance, un autre est pour les faire exister, est-ce celui de la maturité ?
Le mot est paradoxal : il provient du latin maturitas qui, en son sens propre, nous parle de fruits et de moissons. La maturité serait l’état des fruits ou des graines parvenus au développement qu’ils doivent acquérir sur la plante mère afin de pouvoir être consommés, sous peine sinon de se flétrir et de tomber. La séparation peut donc être nourrissante ou pourrissante selon que quelqu’un se saisisse ou non du fruit ! Si nous transposons cela au niveau des hommes, se saisir du fruit parle de majorité, d’autonomie, la non cueillette ou non récolte évoque la fin du fruit, de ses graines, et la stérilité de la plante mère.
Cicéron écrit : tempus maturum mortis – le moment de la mort qui vient à point. Telle serait la maturité ? Si nous l’admettons il y aurait erreur à confier les affaires du monde aux hommes mûrs, ce qui est pourtant généralement le cas…
Produire les œufs, quels qu’ils soient, ne serait pas une affaire de maturité, mais plutôt d’âge viril, celui où nous sommes au mieux de notre force et de notre énergie.
Lorsque cette vigueur tient compte de l’avis des Anciens, réputés plus sages ou, plus exactement, qui ont expérimenté, lorsqu’ils étaient adultes, les chausse-trappes de leurs actions, les entreprises humaines ont quelque chances de devenir pérennes. Sinon, soit qu’elles soient entre les mains des adultes inexpérimentés, soit qu’elles demeurent entre celles de ceux qui ont débordé l’âge, elles seront vouées à la disparition.
Cette année le MAT fête ses 18 printemps, l’âge légal pour entrer dans le monde adulte. Pour s’éviter une mort vaine il a mis en place son Conseil des Anciens, et parallèlement il a introduit dans son Conseil d’Administration des personnes dans la force de l’âge. C’est un temps de transition qui demande une prise de conscience collective. L’avenir du Mat en dépend, il nous faut l’assumer si nous voulons voir cet arbre continuer à produire fleurs et fruits et ne pas être cloches !
Joëlle CORNELISSE-SAIGRE et Henri SAIGRE
Cofondateurs du MAT