UN PETIT CAILLOU...

...Voilà l’image proposée par Mylène Berger lors d’un exercice d’écriture auprès des familles et proches de malades psychiques de l’Unafam. Sur cette seule consigne, l’imagination s’est ouverte. Pour ce premier texte, ce petit caillou fait mal :

C’est un petit caillou, qui vient arrêter l’élan. Ca coince, ça bloque. Je l’avais un peu oublié, espérant qu’il disparaisse pour de bon. Mais il est toujours là, il apparaît sournoisement quand on s’y attend le moins. Un jour on se dit tout repart, on se met à espérer (il a peut-être disparu pour toujours). Mais le lendemain, le revoici. C’est un petit caillou, mais qui fait tellement mal.

Mme JX

Un petit cailloux dans une chaussure, pas un gros qu’il faut retirer, non, un tout petit, comme un rappel à être, même s’il blesse, un petit caillou qui nous « désenligne », qui nous fait prendre la route la plus longue mais qui réveille notre force de vie.

Il faut marcher de travers lorsque l’on a un petit caillou qui blesse dans une chaussure, et enlever la chaussure lorsque c’est un plus gros caillou.

Depuis un certain temps, je marche de travers, tout en m’efforçant de marcher droit. Il est certain que c’est très fatigant et éprouvant.

J’ai souvent envie de tout « lâcher » et de me laisser aller.

Mais il faut que je me secoue et que je continue ce chemin qui va cahin-caha avec ce souci permanent, ce fils qui a besoin de moi, qui a besoin d’être rassuré en permanence, même si parfois, pour me le dire, il crie son angoisse et sa peur en me criant dessus, souvent grossièrement.

Le fardeau est lourd, un peu allégé quand même avec de l’aide bienvenue.

Bricole

Ici, il y en a beaucoup de cailloux, beaucoup trop semble t-il mais s’il n’en restait plus qu’un, ce serait bien, plus qu’un petit caillou, ce serait plus facile…

J’arrive au groupe de parole, ce jour, avec mon sac chargé de cailloux qui représentent un mois chargé d’émotions en tout genre, décès subit de personnes, soucis avec mon fils, ma petite-fille et mon petit-fils… Mais j’espère lors de cette séance pouvoir me débarrasser, un à un, de ces cailloux encombrants qui me font mal au dos et pouvoir repartir avec seulement un petit caillou dans ma chaussure qui pourra être, j’en suis sûre, éliminé rapidement en appliquant les recettes qui m’ont été apprises.

Perle

Un petit caillou qui ne peut se faire oublier, une mémoire vivante quotidiennement d’une douleur, remplie de l’élégante parfois désespérance qui arrive à faire d’un cailloux dodu un caillou discret.

C’est un petit caillou, tout rond mais bien dodu. Je l’ai au bout de ma chaussure.

Tantôt il me meurtrit le pied, m’empêche de marcher. Je le sens toute la journée, je ne pense qu’à lui.

Tantôt il se fait discret, se met dans un coin, alors je l’oublie et tout va bien : je vais, je viens, légère.

En ce moment, il est tout rond, tout doux… mon petit caillou !

La mère