


SCORIES
Naître des richesses du plus profond de la terre
Comme l’on sort d’un puits de mine, émerger du ventre de sa mère
Trésor de la vie, mais aussi minerai convoité par la société.
Voir le jour cassé, déjà conditionné.
Chauffer jusqu’au rouge par le chantage affectif que rien ne remplace.
Pour en extirper la liberté et en éteindre le feu.
Couler dans une forme, vouloir croire en une place.
Et devenir acier trempé, froid et bleu.
Fondu pour séparer le bon grain de l’ivraie.
"Libéré" des noires scories, comme crasse désignée.
En élever de sombres terrils, témoins de viles saletés.
Et ainsi valider un monde de prétendue propreté.
Le "noble" acier est net comme le couteau du boucher sur le cou du taureau.
Dressé, droit et lisse menaçant comme la baïonnette sur le canon du fusil.
Froid et tranchant comme la hache du bourreau.
Dure comme une barre-à-mine qui brise la roche dans les galeries.
Conscience agonisante, comme une ferraille abandonnée par la rouille rongée.
Par le sens de l’existence, interrogé,
Se dissoudre dans l’indulgente terre pleine de bonté.
Et retrouver les innocentes et libres scories, trésors de notre être interpelé.
Francis Devillepoix