

L'Oignon et le Souvenir
Le souvenir aime le cache-cache des enfants.
Il aime se terrer.
Pour le beau-parler il penche et décore souvent sans peine.
Il contredit la mémoire, qui veut, querelleuse, avoir raison.
Quand on le harcèle avec des questions, le souvenir ressemble à l’oignon, qui demande à être épluché,
peau par peau,
pour libérer ce qui lettre par lettre est lisible :
Rarement explicite,
souvent écrit en miroir
ou autrement ramifié.
L’oignon a beaucoup de peaux.
En l’épluchant, une par une, seulement il parle vrai.
Ce qui s’est passé dans mon enfance veut être raconté comme-ci, comme-ça
et entraîne des histoires de brigands.
Comme je n’ai pas d’héritage de ma jeunesse dans mes mains, je ne peux appeler le plus douteux des témoins, le souvenir: figure lunatique, souvent souffrante de migraines et à qui colle également la réputation de pouvoir être acheté en fonction du marché.
Irmela